Paris ce 14 Octobre
Il y a bien longtems que je n’ai eu de Vos nouvelles bien estimable Monsieur Thorwaldsen et Vous savez tout le prix que j’attache à Vous savoir en santé florissante. Je profite du départ d’un de mes Compatriote pour Vous adresser ces quelques lignes et Vous prouver par là, ce dont Vous ne pourriez jamais douter que mon dévouement pour Votre personne égale mon admiration pour Votre Génie Sublime et ma reconnoissance pour toutes les bontés dont V.e vous êtes plû à me combler. – Je me trouve dans ce moment à Paris, l’Angleterre dans cette Saison n’offrant aucune ressource pour les Artistes, car toute la Societé quitte Londres pour aller en Province. Dans 3 mois, je repasse la mer, et compte encore séjourner quelque tems en Angleterre. Dans un an, au plus tard j’ai le doux espoir de me retrouver dans ma Patrie entourée de ma chère famille. – Ce seul moment tant désiré me fera oublier toutes les peines d’une si longue séparation! M.r Tatarkiewicz m’a ecrit pour me dire combien Vous daignez prendre part à son sort, en lui prodiguant Votre intérêt et Vos conseils innapréciables. Je ne puis V.e en remercier assez mon bien cher et respectable Chevalier. En guidant ce jeune homme dans cet art divin Vous lui assurez une existence et par la un appui pour sa famille qui est pauvre. – M.r Tatarkiewicz me dit qu’il a travaillé en Marbre au Buste que Vous avez touché de Votre main immortel. Je me flatte que cette gloire sera attaché à un Buste qui est destiné pour mes enfans. D’ailleurs c’est encore sous Vos auspices, que Tatarkiewicz a travaillé en Marbre. – Il me consulte pour la manière de le renvoyer à Varsovie de même que pour ses propres ouvrages qu’il a destiné pour l’exposition et qu’il n’a pas pu envoyer craignant que le Gouvernement n’en retire le montant sur sa pension qui est déja bien modique. – Ne pourriez Vous pas mon aimable Protecteur, en renvoyant à Varsovie le Monument de Kopernik adjoindre ces objets ? Si ma proposition n’e[st] pas admettable, je ne crois pas V[e] deplaire en V.e fesant cette proposition car Votre amitié et Votre bienveillante indulgence me sont connues. Croyez bien cher Monsieur Thorwaldsen au respectueux et tendre attachement que Vous a voué pour la Vie
Votre dévouée Servante et Amie
M. Szymanowska