Monsieur le Chevalier,
Le long délai que la confection du Buste de S.M. Aléxandre a subi, a été la cause de ce que l’Université de Charcof, toujours frustrée dans les attentes de l’arrivée du Buste, s’est vue dans la necessité de faire venir un Portrait L’Empereur; pour ne pas faire manquer à la Salle d’Assemblée une seconde fois, d’un embellissement indispensable. Le portrait revenant très-cher, on a dû se refuser le Buste par des vues d’une Economie strictement prescrite. En conservant pour moi-même le Buste, dont on vient enfin de m’annoncer l’arrivée à Pétersbourg, l’autre exemplaire ne pourrait, relativement à mes moyens, que m’être de trop. En conséquence je Vous prie de vouloir bien remettre à Mr. Halberg la somme de 600. francs environ que Vous avies reçue d’avance pour l’autre Buste.
Quand on a eû l’avantage de visiter Votre atelier, Monsieur le Chevalier, on est trop avide d’aquerir de vos ouvrages, et il se trouve trop de Russes a Rome qui désireraient posséder l’image de leur Souverain, pour que ce changement d’intention pût Vous donner le moindre embarras.
Bien que l’Univerité pût justifier le changement d’intention par l’immense retard, lequel, en opposition de Votre lettre à l’Université communiquée, est survenu dans le travail du Buste; cependant quant à moi je ne puis l’approuver. Mais aussi je ne puis faire partager aux autres la totalité de ce sentiment d’admiration que la vue de vos Chefs-d’oeuvres m’a inspiré.
Agrées, je Vous prie, les assurances de mes sentiments de parfaite considération avec lesquels j’ai l’honneur d’être
Monsieur le Chevalier
Votre très humble et très-obeissant serviteur,
Aléxandre Stcherbinin
Charcoff
le 17/29 Octobre 1824.