Genève, le 12 Juin 1831.
Le Phydias moderne se rappelle-t-il de Mlle. de Klustine? La comtesse de Circourt espère que oui. Le Baron de Bockelberg le lui a fait croire. La célébrité oblige à beaucoup, depuis longtemp la vôtre brille comme un soleil qui a rependu un jour tout nouveau sur la sculpture moderne. J’ose réclamer un rayon de cette lumière pr un jeune Suisse, Mr. Christ natif d’Unterwalden. Ses Alpes reculées n’ont pû refroidir en lui l’elan vers le beau, il anonce de dispositions très remarquables pr la sculpture, il vient de faire de notre vénérable ami, M. de Bonstetten, un buste qui est une vraie merveille & cela sans aucune autre étude que le propre instinct. Rome est la patrie des arts, il y va autant pr saluer l’Appollon que pr admirer vos chefs-d’oeuvres. Veuillez au nom de votre antique amitié pr Mme. Brun, pr M. de Bonstetten, et au nom de votre indulgence pr moi, lui tracer la route pr arriver au but que tout artiste se propose & que vs seul avez su atteindre depuis tant de siècles: le beau. Vos avis developperont en lui, les riches dons de la nature, & pr une millieme fois, vs aurez eu la jouïssance de faire éclore un jeune talent. Que de fois M. Christ a salué le lion qui repose sur la cendre des braves, il ne connoit aucune langue étrangère, mais la langue des arts est la même pr tous, veuillez le regarder come Allemand & lui ouvrir comme à tant d’autre le trésor de votre protection, il en est digne sous tous les rapports. J’espère un jour, vs remercier moi-même pr les bontés que je viens réclamer & vs renouveler l’assurance de mon admiration & de ma reconoissance.
Votre dévouée
A. Csse. de Circourt
née Klustine