Petersbourg ce 8 Novembre 1828.
Bien respectable Chevalier
Profitant de la permission aimable de Mr. le Comte de Ricci, qui se rend à Rome et qui veut bien se charger de Vous remettre la présente je me rappelle à Votre gracieux Souvenir et Vous réitère encore combien la reception de Votre lettre si flatteuse, m’a causé de plaisir. – Que puis-je Vs. dire d’intéressant sur le pays que j’habite, à Vous qui êtes le Citoyen d’une terre classique. Je ne cesse de faire les voeux les plus ardens de pouvoir un jour encore me retrouver à Rome, et Vous revoir bien digne et estimable ami. – Je pourrai alors m’estimer heureuse, car je le suis bien peu ici. Mes affaires, malgré mon travail constant ne prennent pas une bonne tournure, et le Climat convient peu à ma Santé. Si j’etois sûre que je pourrais exister à Rome, en donnant de lecons combien volontiers j’échangerai mon exsistence. Je vois une destinée bizarre qui me poursuit et a laquelle je me voue avec résignation, car telle est la Volonté Suprême. –
Adieu mon très digne et estimable ami. Croyez que le moindre signe d’intérêt de Votre part me sera toujours bien précieux.
M. Szymanowska.
P. S.
Mr. le Comte de Ricci, a le talent le plus délicieux pour le Chant et fait des vers pleins de grâces et de sensibilité. Comme il saura apprécier Vos chefs d’oeuvres immortels ! ! !