Nantes Le 6 Septembre 1843
Monsieur.
Lorsque vous êtes venu à Nantes dans le mois dernier, et après avoir examiné les salles du Musée de Peinture, vous avez remarqué dans le Cabinet de M. Beders Directeur, une Vierge et son enfant copiée par ma Nièce, Melle Zoé Brienne. L’exécution de ce petit tableau vous ayant satisfait, vous avez proposé à ma Nièce, m’a-t-elle dit, de l’employer, soit à Paris, soit à Florence, soit à Munich, à copier pour votre compte les Tableaux qui lui seraient désignés, vous engageant à lui accorder, pour ce travail, un traitement annuel de 2400 francs.
Retirée chez moi depuis plusieurs années, ma Nièce y vie dans l’aisance sans être obligée de travailler, et aussi longtems que je pourrai exercer l’emploi que j’occupe, elle n’aura point à s’inquiéter de son avenir. Cependant comme cet appui pourrais lui manquer plus tard, je ne saurais désapprouver le desir qu’elle a de perfectionner son talent afin de pouvoir s’en créer une ressource, si un jour elle se trouvait dans la nécesité d’y recourir.
Ma Nièce ne pourrais entreprendre le voyage de Florence, et ne parlant la langue francaise que très imparfaitement, il ne lui conviendrait pas, non plus, de se fixer à Paris où elle se trouverait trop isolée et trop exposée; mais étant allemande et ayant ses parens en Allemagne, elle ne serait pas éloignée d’accepter, au printems prochain et pour une année au moins, à la residence de Munich, l’engagement que vous lui avez proposé, si elle avait la garantie qu’après avoir entrepris un aussi long voyage, elle ne serait pas délaissée et ne resterait pas sans occupation. Je vous prie, Monsieur, de vouloir bien me faire connaitre vos dispositions définitives à cet égard, et, des que j’aurai reçu votre réponse je m’enpresserai de vous informer de la détermination de ma Nièce.
Je dois ajouter toutefois que ce qui lui conviendrait le mieux, aussi qu’à moi même, ce serait de trouver à s’occuper à Nantes même et sans s’éloigner de nous. Elle est toute disposée à faire la copie du tableaux que vous desirez, si vous voulez bien lui confier ce travail; et elle se chargerais également bien volontiers de copier les toiles que vous croiriez pouvoir lui envoyer ici. Vous fixeriez vous même le prix de ces copies suivant leur mérite.
Je vous prie, Monsieur, d’agréer l’assurance de ma considération très distinguée.
Brienne
Receveur Principal des Douanes