Irlbach près Straubing en Baviere
le 18 août 1823
À peine arrivé ici, mon premier soin a eté de faire ouvrir les caisses qui contenoient les deux Bas Reliefs, et le Buste que vous avez eu la Bonté de faire pour moi cher Monsieur le chevalier de Thorwaldsen. – J’ai eté tellement satisfait de ces morceaux et particulierement de mon Buste, que je regarde comme un devoir de vous le dire et de vous en témoigner toute ma Reconnoisance. Ma femme et divers connoisseurs qui etoient chez nous, ont eté frappés de l’extrême ressemblance et de l’intérêt que la Beauté d’un travail inimitable a sçu donner à ma vilaine figure. Je suis presque honteux qu’un si beau talent ait eté employé pour un si pauvre sujet. Mais enfin votre ciseau, mon cher chevalier me donne l’immortalité, et c’est un assez beau présent pour que je vous en remercie. J’ai aussi remarqué avec beaucoup de satisfaction que vous aviez mis votre nom derriere le Buste. Mais je ne l’ai point trouvé sur les basreliefs.
Je regarde comme une bonne fortune mon cher chevalier d’avoir dans ma Retraite champêtre trois morceaux d’un des plus grands artistes qui aient jamais existé.
Si je ne devenois pas si vieux je projetterois encore d’aller voir dans cette belle Italie si chere à mon coeur, à mon imagination, à mes souvenirs.
Ma destinée m’apelle dans ce moment à Paris, ou je vais résider en qualité de ministre plénipotentiaire. Il semble que Paris est un Lieu propre a donner Rendez vous à tout ce qu’il y a de célèbre sur la Terre. Je ne désespère donc point de vous y voir et de vous y exprimer les tendres sentimens de considération particuliere de haute admiration d’attachement sincère que je professerai toujours pour vous, et avec les quels je suis mon cher Monsieur le chevalier
v.t.h. et t.o.sr
Le cte de Bray
Mes compliments je vous prie à M. Launitz dont j’ai lu des nouvelles p[a]r le m[arqu]is Paulucci.
Si vous aviez un moment de libre pour me donner un mot de vos nouvelles et de celles des Travaux qui vous occupent vous me feriez un bien grand plaisir./.