Monsieur!
Votre lettre du 13 Juin m’a causé le plus sensible plaisir ainsi qu’à tous ceux auxquels je l’ai communiqué. Elle montre le zèle que Vous mettez à un monument digne de la gloire du Héros, de la reconnaissance des Polonais, et de Votre éminent talent. Nous croyons entièrement à Votre persévérance dans ce noble entousiasme, et Vous Vous convaincrez du nôtre en apportant içi le chef-d’oeuvre commencé. Veuillez je Vous en prie, satisfaire notre impatient désir en nous envoyant Vos idées sur la statue, le cheval, la pose, le costume; enfin, le dessin de tout le monument avec les basreliefs. Je Vous envoie a présent un habit polonais complet et un manteau national que feu le Prince Joseph Poniatowski portait souvent. Ce manteau me parait très convenable à la sculpture. Sa forme n’a rien de moderne et sa longueur n’est pas exagerée pour une statue équestre. Souffrez Monsieur que je Vous observe encore; que les chevaux orientaux que nous estimons de préférence et dont le Prince Poniatowski se servait ordinairement, ne sont pas d’une taille gigantesque. Fiers dans leurs allures, ils cherchent à se porter toujours en avant avec leurs Cavaliers. La têtte carrée, les narines ouvertes, l’oeil ardent et persant, la queu relevée et legère, ils ont presque l’air de ne pas toucher terre. Au reste, en Vous exposant quelques idées, nous nous en remettons totalement aux Votres; Veuillez seulement nous les faire passer au plustôt.
Je m’empresserai de Vous envoyer tous les portraits du feu Prince que je pourrai ramasser, dès que je recevrai un portrait fait par le celèbre Orłowski à Petersbourg et qui probablement pourra être regardé comme le principal.
J’ai l’honneur d’être
Monsieur
Votre très humble Serviteur
S Mokronoski
Varsovie ce 10 Juillet 1818.