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ANTIQUITÉS MEXICAINES ET AMERICAINES |
Paris, le 29 novembre 184 2 |
Monsieur
C’est à l’une des plus grandes célébrités artistiques de notre Siècle que j’adresse le prospectus d’un ouvrage sur les Antiquités Mexicaines et Américaines, bien convaincu qu’il doit fixer son attention comme il a fixé celle des géologues et des historiens. Cette oeuvre quoique moins considérable que le célèbre ouvrage sur l’Egypte peut lui être comparée sous le rapport de l’importance et du soin apporté à sa publication, et lui est supérieure en ce sens qu’elle opère une révolution dans la science.
La découverte de Palenque et des monumens gigantesques que renferment les forêts supposées vierges de l’amérique a été constatée par des expéditions ordonnées par le Roi d’Espagne dans des pays jadis occupés par des nations florissantes et aujourdhui déserts. Le Colonel Dupaix, homme instruit, chef de l’expédition, fut accompagné de Castaneda, dessinateur en chef, qui s’appliqua à dessiner avec une exactitude scrupuleuse les monumens et les curieux bas reliefs qui les ornaient. M. l’abbé Baradère obtint, il y a quelques années, du gouvernement du Mexique, l’autorisation de transporter en France ces précieux matériaux si interessant pour l’histoire et pour les arts. Ce savant voyageur réclama le concours de la Société royale de Géographie et je fus chargé de la direction des travaux de cette publication qui, indépendamment des découvertes faites par Dupaix, présente le résultat des travaux de M.M. Wardeux, Lenoir, de Humboldt, de Châteaubriant, Baradère &c.
Les antiquités Mexicaines ont attiré déjà l’attention et les encouragemens de la plupart des souverains; mais il est un suffrage que j’ambitionne pour elles par dessus tous les autres, c’est le suffrage des grands artistes qui, placés comme vous, Monsieur, à la tête des sciences et des arts, peuvent apprécier toute l’importance d’une oeuvre à la quelle je serais extrêmement flatté de vous voir donner un témoignage d’estime en inscrivant votre nom parmi ses souscripteurs. Ce serait pour notre publication une bonne fortune car en entrant dans votre bibliothèque elle passerait sous les yeux de l’élite du monde puisqu’il ne paraît pas à Rome un homme de quelque valeur qui ne s’empresse d’aller s’incliner devant les oeuvres de votre génie.
Il y a quelques années, je publiai dans la Revue du XIXe Siècle que je dirigeais, un article sur vos travaux poétiques si remarquables et sur vos magnifiques ateliers où les hautes intelligences affluent de toutes les parties du monde civilisé. L’espoir me prit alors qu’un jour je pourrais être admis à mon tour à payer le tribut de mon admiration. Maintenant j’ai la certitude que vers la fin de l’hiver qui commence je me trouverai à Rome et je serai heureux que des relations dejà établies me permissent d’aller directement vous présenter mes devoirs.
Agréez, Monsieur, l’hommage sincère de mes sentimens les plus distingués.
de Wriett