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A Tégel, belle habitation de M. de Humboldt, l’aîné. Vous voyez un parc magnifique, des arbres aussi beaux que dans le parc de Saint-Cloud, une maison d’un goût charmant, arrangée par Schinkel, remplie de sculptures antiques. On y voit une charmante petite figure représentant une jeune fille faisant marcher un papillon dans sa main: c’est une des filles de M. de Humboldt, une figure dans le style éginette, de Thorvaldsen (elle est mauvaise, nulle, comme tous les ouvrages de ce maître). Sur une colonne, c’est le monument de Mme de Humboldt. Sous le péristyle un autel antique qui a été trouvé dans un couvent, et qui servait de puits. Toute cette sculpture donne à cette maison un caractère de grandeur et de majesté difficile à décrire; mais ce qui est admirable, c’est d’avoir triomphé de ces sables pour faire venir d’aussi beaux arbres. Quand vous marchez dans les allées, vous entrez dans le sable jusqu’à la malléole; les roues de votre voiture tracent un profond sillon sur la route, et enfin on ne voit que sable et forêts de sapins. Il paraît qu’à trois pieds de profondeur environ, on trouve la terre argileuse, et dessous encore du sable, mais qui se trouve humecté par un étang qui est comme une rivière, et qui forment de charmantes îles que l’on voit de chez M. Humboldt, et qui donnent à la vue, qui est très étendue, un aspect de grande beauté: on voit Berlin, Postdam; tout ce paysage est coloré des teintes les plus vives, car l’air est d’une grande pureté dans ce pays. M. Humboldt nous a parfaitement reçus; mais il y avait pour nous un sentiment pénible, en pressant cette main si voisine du tombeau.
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