Mon tres cher & tres estimé Prince Thorwalds.
A peine ai je eu le courage de refflechir sur l’irréparable perte que j’ai faite du Prince Mon Mari, j’ai desiré lui elever un Monument qui fut digne de lui, il etait naturel que je penssasse à Vous, tout le premier & malgré que quelques personnes m’assurent que Vous voulez, deja, Vous reposer (& c’est bien le cas de dire sur des lauriers) j’ai voulu Vous interpeller, moi même, à cet ègard. Vous [xx]ssiez deja reçu une
lettre de Moi, si j’avais pu savoir comment Vous faire parvenir cette lettre. À Florence où j’ai douleureusement passé l’Eté, après la cruelle perte que j’ai faite le 20 Juin, j’ai vainement tenté de Vous faire parvenir de Mes Nouvelles. Aujourd’hui, plus rapprochée de S[x]ous – on m’assure que cette lettre Vous parviendra surement. Je desire donc savoir, Mon cher Prince, si Vous accepteriez l’offre que je Vous fais & je Vous la fais autant pour le precieux merite de l’art, que parceque je sais que Vous étiez un des appréciateurs du mérite de Lucien Bonaparte; Répondez moi donc, si Vous êtes en position d’entreprendre ce Monument, Que je desirerais qui fut fait en grands bas reliefs, à peu près de la taille pour la proportion des figures, du bas relief antique réprésentant
l’Education de Jupiter par la Chura [x]matti[xx] & que feu Mon Mari a rendu au Museum de Rome. Je me propose de faire & d’employer une partie de mes Economies qui, d’ailleurs ne pouront pas être immenses, vu le grand nombre de mes enfants, à élever un monument aussi digne que possible d’honorer de ma part, une si chere & illustre Mémoire! Veuillez donc bien Me répondre à ce sujet. Est il vrai, que Vous allez venir à Rome cet hyver ? d’autres disent que non et je sens bien, qu’alors Vous ne pouriez pas Vous charger d’exécuter Mon projet! Mais si Mon malheur voulait celà, je Vous [x]voici que j’attends de notre ancienne connaissance & de ma part, au moins grande estime & amitié que Vous m’a donniez votre [x]vi[x]t[xx] les différents projets que j’ai déja vues, de quelques artistes je desire donc beaucoup, cher Prince, Vous voir en Italie d’abord, pour mon projet, Mais aussi parceque je crois qu’accoutumé comme Vous l’êtes, au climât méridional de l’Europe, Et bien que Vous soyez né dans le nord, Vous pouriez trop souffrir de le Nord, bien ingràt sans doute, envers Vous si son climât ne Vous traitte pas bien, après avoir ajouté une si grande illustration à cette contrée. J’attends Votre réponse à cette lettre le plutot que Vous pourez, telle que soit Votre decision, je Vous prie de la considerer comme une très petite marque de la très grande estime & admiration
De Votre très affectionnée
La Pesse de Canino
Veuve Lucien Bonaparte
À Chateau de Musignano
près Canino par Viterbe
1er Octobre 1840