Excellence
Je suis charmé Monsieur le President, qu’il me se présente une occasion, qui me donne l’avantage de me rappeller à la memoire de Votre Excellence. J’en suis d’autant plus charmé, que cett’occasion me porte à Vous parler Monsieur le Président des excellents succès, que font les élèves de l’Académie, à laquelle Votre Excellence préside si glorieusement, succès qui ne peuvent à moins de La combler de satisfaction et de contentement en voyant que d’un Institut que Votre Excellence
dirige naissent des Artistes qui en faisant honneur à leur Patrie, honorent Votre Excellence même.
L’artiste duquel je suis à parler à Votre Excellence, est Paris Orlovsky, au sujet duquel le Prince Gagarin, Conseiller de l’Ambassade Russe à Rome m’engage de Vous adresser deux mots. Ce jeune artiste a passé plusieurs ans à Rome, avec une pension faite par S. M. l’Emp. Alexandre. La grace de feu S. Majesté, naturellement par l’entremise et recommandation de Votre Excellence a daigné augmenter cette pension et la rendre pareille à la pension fixée par l’academie Imp. pour tous les
Pensionnaires dans l’Etranger. – La Volonté de feu S. Majesté a été communiquée à l’Ambassade de Rome, par une lettre de S. E. Monsr le Comte de Nesselrode si je ne me trompe; mais jusqu’ici le payement de la dite augmentation n’est point arrivé, quoique la Somme annuaire comme de coutume ait été payé à Mr. Orlovsky. Ce retard est peut être excusé par la mort de S. M. l’Emp.
Alexandre et pourrait guèrre continuer encore quelque temps à empêcher le jeune artiste dans le cours de ses études, si bien commencés, jusqu’à ce que Votre Excellence se daignerait commander, que la grace faite par feu S. Majesté, soit mise en exécution. –
Comme toutes ces affaires ne dépendent que de Votre Excellence, le Prince Gagarin m’a engagé de Vous adresser ces lignes, pour testifier que le merite de ce jeune artiste le rend digne de jouir de cet avantage, de quel dévoir je m’acquitte avec le plus vif plaisir en jouissant de faire connoitre à Votre
Excellence le talent et les heureux progrès, que Monsr. Orlovsky a dévéloppés dans deux figures d’étude d’un Paris et d’un Faune, qu’il a exécutés en Modèle depuis quelque temps, et lesquelles, et précisement le Faune, je recommande à la consideration de Votre Excellence.
La bonté, et le veritable zèle pour l’art, qui distingue autant Votre Excellence, me fait tout espérer pour Monsr Orlovsky, et or je passe à renouveller à Votre Excellence les sentiments de la plus haute consideration, et du plus parfait estime avec lesquels j’ai l’honneur de me dire.
Monsieur le Président.
de Votre Excellence.
| le très dévoué Serviteur. | |
| Rome ce 22 Janvier 1826. | Albert Thorvaldsen |