Monsieur le Chevalier,
J’eus la vive satisfaction de recevoir dans le courant de l’hyver dernier ma statue de Jason, les bustes de quelques membres de ma famille, & deux beaux basreliefs dont vous avez bien voulu me faire present. N’etant pas alors preparé a placer tout de suite le Jason comme il convenait a une statue de cette importance, & que, depuis longtems, je dois l’avouer, j’avais cessé d’attendre, je laissais tous ces marbres en caisse, sans les decouvrir, jusqu’a ce que je crus pouvoir le faire en sureté, en les placant convenablement. Ce n’est que depuis peu de jours que j’ai pu y reussir & que par consequent j’ai tiré ma statue de la caisse. Je l’ai trouvée de la plus grande beauté, & justifiant la haute attente que je m’en suis fait, & l’impatience que j’ai si longtems senti de la posseder avant ma mort. Elle est bien digne de son auteur, & de la reputation dont elle a depuis tant de tems joui en Europe. Le buste de mon fils ainé, qui fut pour moi une entiere surprise, & des plus agreables, me charme autant par le merite de l’execution que par sa ressemblance, & les basreliefs sont au dela de tous les eloges que ma faible voix pourrait leur donner. Je les regarde comme un temoignage bien honorable pour moi de l’amitié du premier sculpteur de son tems, & les accepte à ce titre avec toute la reconnaissance que je vous en dois. Mais j’ai une dette a payer pour les bustes, & sans me permettre le moins du monde d’evaluer des ouvrages, pour moi du plus haut prix, je prie par celle ci la maison Torlonia de vous payer la somme de deux cent livres Sterling pour mon compte, que je v[ous] prie de vouloir bien agreer pour ces ouvrages. J’ai l’honneur d’etre avec les sentimens d’estime les plus distingues
Monsieur le chevalier
Votre très reconnaissant
& obligé serviteur
Thomas Hope
Londres le 3’ aout
1829