Christian 8.
Luzern
Christian 8.
Luzern
Dateringen fremgår af optegnelsen.
The commentary for this document is not available at the moment.
[Rejseoptegnelse 10.8.1821:]
Déjà pleuvait-il hier, mais aujourd’hui il ne discontinuait absolument pas de pleuvoir, ce qui contrarirait singulièrement la fête. La service funèbre avec le réquiem, je crois de Cherubini fut exécuté le matin à 10 heures à la cathedrale, die Burgkirche, au milieu duquel étoit élevé un catafalque militaire posé sur trois canons et décorés de fusils et de sabres ainsi que des armes et noms des officiers sacrifiés en France 1792. Ce catafalque offusquait la vue vers le coeur de l’autel, la musique étoit assez belle, plusieurs bas officiers et soldats de l’ancienne garde suisse étoient présents et la quête se fit par deux de ceux-ci.
On se détermina à célébrer l’inauguration du monument à l’église au heu que sur le lieu même et non content d’en avertir ceux qui devait le savoir on fit monter un des invalides sur la chaire et crier que la cérémonie se fer oit à l’église à 4 heures de l’après-midi.
Réunis donc vers cet heure on me plaça non sur les bancs, mais sur une chaise dans le cercle, que formait les officiers suisses destinés à souscrire le procès verbal formalité auquel on m’avait aussi prier de vouloir participer, je sentais bien que que je n’étois pas à ma place, mais enfin je me rendis aux instances de colonel PfifferI, je n’avait pas encore reconnu que c’étoit le jour de ses distractions. La cérémonie commença par un avertissement de sa part qu’elle se fesait à l’église au lieu qu’en plein air à cause du tems, et cepandant il portait un surtout de sorte qu’il avait l’air de devoir braver l’intempérance jusque dans l’enceinte sacrée, puis il appella l’artiste AhornII, qui avait sculpté le monument d’après le modèle de Thorwaldsen et lui adressa la demande, si le monument étoit achevé et en état de pouvoir être découvert. Celui-ci répondit que oui et qu’il l’avait fait exactement d’après le modèle en le tirant de 350 points. Une relation de l’origine de ce monument, de la sousscription par laquelle cet ouvrage a été secondé et à la fin terminé fut alors lue, et le nom du moteur, le colonel Pfiffer, n’étoit comme de raison pas oublié. Ensuite on a lu la liste des morts, nom par nom, canton par canton, de même que la liste des sauvés et quelques notices sur les personnes, qui avaient contribués à les sauver, le tout entremêlés de chant et de marches militaires tant instrumentales que sur le tambour musique faite sans doute pour éveiller des souvenirs, mais qui n’étoit pas très belle, et qui faisait durer la scène très longtems faute qu’on commet souvent en pareille occasion pour ne rien oublier, mais qui fait que les spectateurs oublient tout à force d’ennuy. Ce qui variait la scène d’une manière très plaisante, mais que les amis de cet homme estimable d’aillems aurait désiré éviter, c’étoit la personalité ou plutôt les distractions du dit colonel Pfiffer, qui étoit excessivement affairé, et se donnait encore plus à faire en portant des bouquets au dames, mais oubliant qu’il avait été dehors les chercher il rentrait dans l’église avec la casquette sur la tête et présentait ainsi des fleurs à mon épouse, et puis il s’en allait de nouveau, remettait sa peruque, l’ôtait de nouveau, cherchait sa casquette, et comme cela toujours de pis en pis; quand le procès verbal devait être signé, il manquait de l’encre dans l’écritoire, afin on vint à la signature, j’insistait pour que les officiers suisses signassent le premier, puis l’envoyé de France, alors je me permettais d’écrire mon nom, et sur mes instances Pfiffer fit signer le Marquis de Lally Tolendal, Pair de France, qui pour intérêt pour les fêtes s’étoit rendu ici, mais il aurait presque oublié les autres membres du corps diplomatique. La cérémonie ainsi terminée et la pluye ayant diminué un peu on se rendit encore à l’endroit, où le monument devait être découvert, et ceci eut lieu en notre presence, mais sans autre ceremonie et sans aucun témoignage de cet enthousiasme national, qui devait être le but d’une telle fête nationale. J’aurais voulu dire un seul mot; honneur et gloire à la fidelité suisse, ou quelque chose de semblablè, mais étant étranger içi je croyais ne pas devoir m’avancer, et tous se turent, peu d’applaudissements se firent entendre et les plus forts furent prodigués au sculpteur Ahorn, lorsqu’il monta sous la voûte pour prouver la grandeur de lion, et que le général Dari [Gady] s’avança, l’harangua et lui promit l’immortalité en recompense de son travail, qui quand un modèle est ouvrage d’un autre, mais notre célèbre compatriote ne fut pas même nommé en cet occasion. L’effet de l’ensemble lui est cepandant dû, car c’est bien son idée que ce lion expirant qui encore tient les armes qu’il vient de défendre, et l’expression est merveilleuse, mais il faut rendre justice au sculpteur, qui l’a exécuté et qui s’en est très bien acquitté et qu’il a travaillé assiduement durant les 18 mois qu’il a eu à terminer ce grand ouvrage unique en son genre et qui fait grand honneur à ceux qui l’ont conçu. Je dis à Pfiffer que le meilleur récompense serait de faire voyager ce jeune artiste en Italie, où Thorwaldsen le recevrait à bras ouverts, il dressa une sousscription en son profit et je fit sentir au général Dari que la famille de Bourbons devait penser à récompenser cet artiste de cette manière. Pfiffer me dit qu’il avait eu 300 Louisd’or pour son travail (de la sousscription de 1000 Louisd’or a peu près) mais qu’ayant femme et enfant beaucoup ne lui restait assurément pas. A la fin on s’empressa de remercier le colonel luimême de sa peine et de son mérite en cet occassion. Un hazard assez remarquable fut qu’en contemplant le monument, dont la beauté frappait tous les assistants, une colombe blanche vint planer devant la voûte et se placer sur la crinière du LionIII. Dans l’antiquité cet évènement eut passé pour une certaine et bonne augure, et on aurait cru que les âmes des héros se plaisait à s’approcher du lieu, où on faisait un juste hommage à leur vertu et célébrait l’exemple luisant qu’ils avaient donné de dévouement et de fidélité.
Je fis la connaissance aujourd’hui du ministre de France en Suisse, du comte Auguste de Taleyrand, homme souple à ce qui paraît, et qui ne paraissait pas prendre une part active à ce qui se passait; il n’étoit non plus habillé en deuil au service funèbre. Un autre homme bien intérressant, dont je fis la connaissance, étoit le marquis de Lally Tolendal, le même qui a été membre de l’Assemblée nationale, et qui se trouvait arrèté au tems des massacres du mois de Septembre, mais qui par un hazard heureux fut libéré le jour avant le commencement de ces horreurs. Il racontait qu’un jeune commis prétendant à la main d’une veuve l’avait libéré avec un ordre falsifié que cette veuve, qui devait de l’obligation à la famille du marquis avait mit pour prix de sa main. Il avait été en prison avec un officier suisse, le baron Diesbach, qui fut massacré dans la prison lequel lui avait dicté une relation des événements du 10 août écrite de sa main avec de l’encre sympathétique et couvert de quelques desseins lesquels une dame, la duchesse Trémoille arrêtée après lui avait sauvés en les mettant dans sa poche. Tout ce que cet homme remarquable disait respirait l’amour de la liberté et d’une monarchie constitution elle et marchant vers ce but il espérait tout le bien pour le sort futur de la France. Il paraissait fort lié avec le Duc Decazes et disait qu’il avait beaucoup aimé feu le general WalterstorffIV puis-qu’en aucune circonstance il n’avait abandonné son ami. Il disait que le Duc de Richelieu quoiqu’ami de Decazes avait trop de jalousie et de crainte de se voir remplacé par lui pour pouvoir le soufrir à Paris, ce qu’il lui avait nouvellement fait entendre. Lally Tolendal disait que retourné en France après la paix d’Amiens il avait parlé deux fois avec Napoléon et que celui-ci lui avait voulu engager de etourner en France de l’Angleterre, où il s’étoit fait citoyen, en lui disant tout ira au mieux, je ferais une noblesse d’une ou d’autre manière, pas une pairie comme en Angleterre, car je vous avoue qu’étant dans une telle assemblée je serais toujours contraire à tout ce que je fais. Lally Tolendal ne retourna en France qu’après avoir été à Gand chez le roi qui demanda ses services et le nomma ensuite pair de France. C’est un homme d’eminents talents, de grande éloquence et de principes libéraux.
Je revis aussi aujourd’hui le Baron de Krüdener, envoyé de Russie, qui a été élevé en Dannemarc, où je l’ai connu dans sa jeunesse, il s’en rappelle avec plaisir. Bien dommage qu’il soit si sourd.
L’envoyé de Prusse est le comte Meuron, qui a l’air d’un bon vivant. L’avoyer Wattewyll de Berne et son épouse sont des personnes très aimables. Le soir il y avait société chez l’avoyer am Rhyn.
Uddrag af Christian (8.) Frederiks dagbog, jf. Fabritius, Friis & Kornerup (ed.), op. cit.
Døende løve (Schweizerløven), 1819, inv.nr. A119 |
Last updated 30.01.2015
Dvs. den schweiziske oberst og politiker Karl Pfyffer von Altishofen
Dvs. den tyske billedhugger Lucas Ahorn.
Døende løve (Schweizerløven), jf. A119
Dvs. den danske generalguvernør og diplomat Ernst Frederik Walterstorff.